La nécessaire transformation énergétique repensée à l’heure de la relance

Amélioration de la qualité de l’air, baisse de la pollution… : les effets bénéfiques du confinement sur l’environnement ont été observés dès les premiers jours de baisse de l’activité économique, accélérant une prise de conscience déjà engagée. Pendant près de deux mois, chacun a pu s’interroger sur  le « monde d’après » et proposer des modèles de relance faisant la part belle à la transition écologique, envisagée comme moteur d’une reprise économique plus vertueuse dans de nombreux pays et filières.

Qu’il s’agisse de citoyens, d’entreprises, ou de personnalités politiques, nombre d’acteurs se mobilisent autour de la mise en œuvre de stratégies de relance vertes, avec pour objectif une économie plus durable et responsable. Si la crise a permis de révéler les failles d’un système présentant des lacunes sur le plan écologique, désormais, de plus en plus de voix s’élèvent pour proposer des solutions. Petit tour d’horizon de ces initiatives œuvrant pour un futur écologiquement responsable.

La crise sanitaire nourrit la réflexion autour de l’émergence de nouveaux modèles énergétiques

La crise sanitaire a fait converger des revendications diverses pour accélérer la transition énergétique, en France comme à l’étranger. Industrie, transports, énergie, bâtiment sont autant de secteurs qui pourraient évoluer vers des modèles à plus faible impact environnemental. Si l’économie française est aujourd’hui en difficulté, nombre d’acteurs considèrent les énergies renouvelables comme l’un des facteurs d’une relance économique positive. Selon le rapport de l’IRENA, elles pourraient rapporter 100 000 milliards de dollars d’ici à 2050.

Dans cette même optique, le gouvernement français a publié sa feuille de route énergétique,  réaffirmant son ambition de maintenir le cap écologique. À cet effet, la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) pour 2019 – 2028 « est adoptée », selon un décret paru au Journal officiel le 23 avril. Afin de prendre en compte la loi Energie-Climat, le texte a été ajusté à plusieurs reprises avant, puis pendant la crise, prévoyant notamment la neutralité carbone de la France à l’horizon 2050.

Plus encore, l’enjeu de ce texte est d’amplifier la transition écologique en allant au-delà des objectifs européens de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) à l’horizon 2030. Pour y parvenir, l’accent est mis sur la réduction de la part des énergies fossiles dans le mix énergétique de 40 %, pour relever celle des énergies renouvelables à 33 % d’ici à 2035.

Le Haut Conseil pour le Climat (HCC) donne quelques pistes de réflexion intéressantes à ce sujet, en particulier dans le secteur du bâtiment, à l’origine de 18 % des émissions nationales de GES. La rénovation des bâtiments représente à ce titre un enjeu de taille dans cette relance verte. Pour y répondre durablement, la RE2020 (Réglementation environnementale 2020) propose de généraliser le recours au bas carbone dans le bâtiment, le secteur étant encore dépendant des énergies fossiles, pour le chauffage notamment, comme le souligne le HCC. Ce dernier souhaite atteindre un haut niveau de performance énergétique moyen en 2050, impliquant une massification de la rénovation.

À cet effet, la RE2020 vise à accélérer la sortie des énergies fossiles au profit des énergies bas carbone. Elle s’appuie sur trois axes : diminuer l’impact carbone des bâtiments, poursuivre l’amélioration de leur performance énergétique et garantir la fraîcheur pendant les étés caniculaires, limitant par la même occasion les besoins en climatisation, poste particulièrement énergivore. Le HCC souligne enfin que « les investissements doivent être orientés vers l’innovation sociale comme technologique, l’efficacité énergétique, et les infrastructures résilientes favorisant les usages décarbonés et les solutions basées sur la santé des écosystèmes ».

Du côté de la convention citoyenne pour le climat, composée de 150 Français, l’objectif est de préparer « une sortie de crise écologiquement responsable ». Pour ce faire, elle propose, entre autres, de rendre obligatoire, pour les propriétaires, la rénovation énergétique globale des bâtiments d’ici 2040. Conséquence positive : les émissions de GES issues du secteur résidentiel et tertiaire, représentant 16 % des émissions nationales, seraient divisées par deux. Une proposition qui rejoint celle des experts du HCC, considérant l’investissement dans l’efficacité énergétique et la lutte contre la précarité énergétique comme des priorités de ce « monde d’après ».

Un nouveau modèle d’innovation au service de la durabilité

En France, la crise sanitaire a donné lieu à une nouvelle dynamique au sein des entreprises, caractérisée par des collaborations entre acteurs et une capacité à revoir les modes de fonctionnement et à adapter les process.

Pour réduire leur consommation énergétique, de nombreux secteurs s’appuient sur des innovations technologiques, telles que les objets connectés ou la modélisation virtuelle dans le bâtiment. A la lumière des objectifs de relance affichés, il est certain que les entreprises s’attèleront à développer des nouvelles technologies qui leur permettront de réduire leur consommation énergétique au cours des prochaines années et de développer de nouveaux marchés.

Dans le secteur des transports, les différentes innovations, de la conception de véhicules fonctionnant à l’énergie solaire au développement de batteries moins polluantes, capables de pérenniser le recours aux énergies renouvelables, constituent d’autres initiatives prometteuses.

In fine, la relance économique pourra s’appuyer sur les innovations favorisant l’efficacité énergétique, ce qui signerait un redémarrage durable et responsable. Bruno Le Maire, Ministre de l’Économie et des Finances, appelle d’ailleurs de ses vœux, un « plan de relance vert, pour une économie décarbonée », dans un petit livre « Tracts de crise » publié le mardi 28 avril dernier.