Face à l’accélération du changement climatique, la COP26 offre à la communauté internationale une opportunité de prendre des mesures concrètes. L’enjeu : contenir la hausse des températures et atteindre la neutralité carbone.

La COP26, 26ème « conférence des parties » à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), se tient depuis le 31 octobre et jusqu’au 12 novembre 2021 à Glasgow. Elle s’est ouverte dans un contexte marqué par un sentiment d’urgence climatique toujours plus pressant. Les projections très sombres du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) comme du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC)[1] font en effet écho aux catastrophes climatiques qui ont récemment touché la planète : inondations exceptionnelles, feux de forêts dévastateurs, accélération de la fonte de la banquise etc. et provoqué des atteintes irréversibles à la biodiversité…

Le 25 octobre dernier, l’Organisation météorologique mondiale (OMM) alertait à son tour sur les niveaux records de concentration de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. L’OMM concluait sans ambiguïté qu’au rythme actuel, l’augmentation des températures par rapport à l’ère préindustrielle ne pourrait être contenue entre 1,5 et 2 degrés, mais se situerait plus vraisemblablement autour de 4 degrés.

Des annonces d’objectifs de neutralité carbone de plus en plus nombreuses

Les dirigeants de la planète sont donc contraints de se fixer de nouveaux objectifs. L’Arabie Saoudite, premier producteur de pétrole au monde, a ainsi annoncé la neutralité carbone pour 2060[2] en misant sur le développement d’une véritable stratégie d’« économie circulaire du carbone » et a dévoilé un plan visant à planter des milliards d’arbres dans les prochaines décennies. La Chine a dévoilé le même objectif[3], qui doit être atteint d’après Pékin par un recul de sa consommation et production de charbon et à un recours aux énergies fossiles devant atteindre au maximum 25 % de sa consommation d’énergie d’ici 2030.

Quant aux 27 membres de l’Union européenne, ils se sont collectivement engagés à réduire leurs émissions de GES d’au moins 55 % d’ici 2030 (par rapport à 1990) et à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Ces engagements formalisés par le paquet de réglementations européen « Fit for 55 [4]» incitent et encouragent les régions, villes et entreprises à s’impliquer dans la réalisation de ces objectifs. Mais, au-delà de ces déclarations, la conférence de Glasgow doit assurer la transposition des décisions prises en mesures concrètes pour réellement impacter le changement climatique.

Un bilan mitigé des précédentes COP

L’enjeu est d’autant plus important que les dernières conférences, qui ont abouti à la signature de l’Accord de Paris sur le climat en 2015, présentent un bilan mitigé. Cet accord, indéniablement ambitieux sur le papier, n’a pourtant pas abouti aux résultats escomptés : le réchauffement climatique semble en effet s’accélérer. Si l’UE fait figure de bon élève avec une réduction de ses émissions de gaz à effet de serre de plus de 30 % en 2020 par rapport à 1990, un rapport de 2019 – le Brown to Green Report[5] – pointe du doigt neuf pays du G20 qui ont vu leur production de matières premières fossiles s’accroitre. La même année, les émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial (GES) ont atteint un niveau historique de 59 milliards de tonnes équivalent CO2, soit une augmentation de 5 % par rapport à 2015.

Les défis multiples de la COP26

Dans ce contexte, l’ambition de la COP26 est de parvenir à un renforcement de l’ambition des contributions déterminées au niveau national (NDC), ces plans climatiques à horizon 2030 (ou 2025 pour certains pays) pris sur la base du volontariat et qui doivent être revus tous les 5 ans. A ce stade, 147 États, représentant 56 % des émissions mondiales de GES, ont déjà actualisé leur NDC. Parmi eux, 84 se sont même orientés vers des ambitions encore plus fortes qu’initialement annoncées. L’un des objectifs de la conférence est d’engager davantage de pays dans cette dynamique.

Les débats de cette COP26 doivent déboucher sur des actions ou préconisations concrètes pour améliorer la capacité des pays les plus affectés par ces bouleversements à y faire face. A l’ordre du jour figure aussi l’accroissement du financement de l’action climatique, en particulier en faveur des pays en développement. Les pays riches se sont en effet engagés en 2009 à mobiliser 100 milliards de dollars par an en faveur des pays en développement pour les aider à s’adapter aux effets du changement climatique. Une promesse qui semble aujourd’hui difficile à tenir alors même que les besoins sont estimés à 300 milliards de dollars annuellement en 2030. Enfin, les États devront s’accorder sur des sujets techniques de l’Accord de Paris qui sont encore non résolus, faute d’un consensus en 2019, lors de la dernière COP25 à Madrid. Au menu également : de nouvelles annonces fortes de financement et de pistes réglementaires permettant d’enrayer durablement la tendance, et des questions plus formelles comme le déploiement de nouvelles règles de fonctionnement des marchés carbone ou la mise en place du cadre de transparence pour le reporting climatique.

La communauté internationale vouée à trouver un accord

La COP26 promet donc des négociations complexes : entre pays pauvres et pays riches, entre producteurs et consommateurs de matière premières, etc. – les intérêts divergent. Des débats qui ne manqueront pas de se trouver au cœur de l’actualité dans les prochains jours.

 


[1] https://blog.rexel.com/paroles/le-rapport-2021-du-giec-une-reponse-mondiale-a-une-situation-durgence-planetaire/

[2] https://www.challenges.fr/economie/l-arabie-saoudite-vise-la-neutralite-carbone-d-ici-a-2060_786098

[3] https://www.lemondedelenergie.com/climat-chine-energies-fossiles-2060/2021/10/25/

[4] https://www.consilium.europa.eu/fr/policies/green-deal/eu-plan-for-a-green-transition/

[5] https://www.climate-transparency.org/g20-climate-performance/g20report2019