Même si l’attribution des fréquences 5G a été freinée par la crise sanitaire, les industriels se préparent d’ores et déjà à la mise en place du nouveau réseau et ont même parfois débuté les installations, conscients du potentiel qu’il a à offrir à l’industrie 4.0^[1]. Accompagnés par les équipementiers télécoms, les industriels s’emparent peu à peu de cette technologie pour optimiser leurs chaînes de production, espérant atteindre plus de productivité, de flexibilité et de sécurité.

Alors que la connectivité représente, pour plus de la moitié des industriels, un frein à leur transition numérique^[2], l’arrivée de la 5G a considérablement rebattu les cartes, ouvrant la voie à plus de polyvalence. Tour d’horizon des différentes applications de la cinquième génération qui pourraient changer la donne du secteur industriel.

La 5G, un accélérateur de transformation numérique au service de l’industrie 4.0

De nombreux industriels font de l’arrivée de la 5G la seconde révolution technologique indispensable pour optimiser leur transformation numérique. Les nouvelles fréquences promettent en effet des avancées notables tant sur le plan opérationnel que sur le plan financier. Preuve en est, les opérateurs n’ont pas attendu longtemps avant d’enchérir sur cette pépite technologique^[3], soucieux d’accompagner et d’éduquer les industriels dans leur transition numérique.

Petite révolution technologique pour bon nombre d’industriels, la 5G dépasse de loin les performances de la 4G, en étant 10 à 100 fois plus rapide^[4]. Ce levier, qui a la capacité de réduire le temps de latence, permet également de connecter simultanément une grande quantité d’appareils. Un détail d’une grande importance dans cette course numérique. Même si son usage mériterait encore d’être promu par les industriels, certains ont déjà pris le tournant de la 5G, cherchant à automatiser leurs usines et faire évoluer le secteur.

Optimiser la productivité et réduire les coûts : les promesses de la 5G

Pour l’industrie automobile, la nouvelle fréquence offre la possibilité de connecter sans fil des véhicules guidés automatisés (AGV) qui déplacent les pièces automobiles jusqu’aux différents ateliers et programment leurs propres itinéraires en fonction des besoins. Entièrement équipés de capteurs qui détectent les obstacles et cartographient les zones autorisées, les véhicules, lancés à 20 km/h au maximum, s’affranchissent des connexions filaires. Côté opérateurs, ils disposent d’écrans 3D qui collectent en temps réel les données afin de s’assurer du bon fonctionnement des robots. Un levier qui a notamment fait ses preuves dans une usine allemande^[5], enregistrant une augmentation de 25 % de productivité par rapport à ses anciennes lignes de production. Et qui dit productivité, dit réduction des coûts et de l’empreinte carbone.

Si les innovations en matière de 5G se développent outre-Rhin, la toute première usine française en 5G^[6] a vu le jour en septembre 2020, en collaboration avec l’opérateur Orange. Doté de cinq antennes 5G, ce projet pilote a pour ambition de tester deux cas d’usage : la réalité augmentée appliquée aux activités des techniciens de maintenance et la mise en place d’un robot de télé-présence pour les visites à distance. L’objectif étant de limiter le temps et les coûts associés aux déplacements, tout en réduisant l’empreinte carbone associée.

L’émergence de nouvelles applications

Intégrée aux infrastructures ainsi qu’aux plateformes logistiques automatisées, la 5G favorise également l’émergence de nouvelles applications intelligentes^[7]. En Chine, le développement d’un port intelligent en 2019 a permis le pilotage de grues à distance tout en automatisant des appareils. Une technologie qui devrait notamment permettre à l’entreprise gestionnaire du port de réduire son coût en matière de main-d’œuvre de 70 %.

Autre application possible, la 5G ouvre la voie à la réparation à distance optimisée. Le déploiement de la 5G dans ce cas, intégrée dans un casque de réalité virtuelle dont s’équipe un technicien, offrirait la possibilité de gérer plus facilement les pannes en les anticipant. Il pourrait également profiter de l’assistance virtuelle d’un collègue spécialisé.

Si la 5G ne fait pas encore l’unanimité, cette technologie émergente reste un outil d’avenir pour l’industrie 4.0. Comme le rappelle Gilles Babinet, consultant reconnu dans le monde de la high-tech, la 5G sera dans 90 % des cas utilisée à des fins professionnelles. « C’est elle qui va permettre l’émergence d’usines vraiment intelligentes ». Un brin d’optimisme confirmé par les grands groupes européens dont les deux tiers se considèrent déjà prêts à adopter la 5G dans les 3 ans (Etude Capgemini). Et alors même que la cinquième génération vient d’être lancée, l’Union européenne planche déjà sur un projet de recherche sur la 6G^[8], avec un potentiel 50 fois plus élevé en termes de débit que sa version précédente. De quoi révolutionner encore davantage la connectivité dans le microcosme industriel.

^[1] https://www.industrie-techno.com/article/dossier-la-5g-propulsera-l-industrie-4-0-au-niveau-superieur-clame-andreas-muller-president-de-la-5g-acia.58996

^[2]  https://www.capgemini.com/fr-fr/news/la-revolution-5g-tres-attendue-par-les-industriels/

^[3] https://www.numerama.com/tech/651985-encheres-5g-ou-en-sont-les-operateurs-dans-lachat-de-nouvelles-frequences.html

^[4] https://itsocial.fr/enjeux-it/enjeux-infrastructure/reseaux/5g-industrie-transformation-numerique-innovation-competitivite/

^[5] https://www.usinenouvelle.com/editorial/video-mercedes-benz-se-dote-d-une-usine-high-tech-factory-56-pour-assembler-la-nouvelle-classe-s.N1004414

^[6] https://www.orange-business.com/fr/presse/orange-et-schneider-electric-experimentent-cas-dusage-5g-industrielle-dans-usine-en-france

^[7] https://www.usinenouvelle.com/editorial/derriere-les-promesses-de-la-5g-quelles-applications-concretes-sont-deja-deployees.N1005919

^[8] https://www.lesechos.fr/tech-medias/hightech/leurope-donne-le-coup-denvoi-de-la-6g-1278447