Au-delà d’être une source d’optimisation certaine pour l’industrie, la 5G se présente comme un précieux atout pour les villes désireuses d’embrasser encore un peu plus le virage numérique. La cinquième génération de communications mobiles serait ainsi capable de supporter jusqu’à 1 million d’objets connectés par kilomètre carré, garantissant des niveaux de connectivité, de flexibilité et de fiabilité jamais atteints jusqu’à présent[1]. En plus d’améliorer la qualité de vie des citadins, la nouvelle fréquence devrait permettre d’optimiser la mobilité et le mobilier urbain grâce à l’essor des nouvelles technologies intégrées à un écosystème interconnecté.

Optimiser la mobilité urbaine

Comment redonner aux gares, centres névralgiques des villes, tout leur potentiel ? Pour rendre ces lieux de transit plus intelligents et améliorer le confort des usagers, certains acteurs de la mobilité urbaine ont d’ores et déjà fait le pari de la 5G, avec des résultats prometteurs. On pense, entre autres, à la SNCF, déjà sur la voie de l’expérimentation à Bordeaux, Lyon et Rennes[2], invitant les usagers à tester le téléchargement instantané de séries avant l’embarquement. Plus encore, des tests de cas d’usage avec de la réalité augmentée ou du vidéo chat en réalité mixte sont également sur les rails. Pour Sébastien Kaiser, directeur Connectivité & Réseaux de la DG e.SNCF, “la 5G est par conception tournée vers les enjeux industriels, promettant plus de débit, une latence très faible et une densité de connexion très élevée”. Avec de telles performances, la cinquième génération a tout pour devenir, selon la formule de Pierre Fortier, vice-président de Capgemini Invent, “l’épine dorsale de la smart city”.

Boostée par la 5G, la ville intelligente est désormais capable de proposer des services optimisés pour améliorer le confort des citadins, tout en diminuant son empreinte environnementale. Un levier dont s’est notamment saisi le MIT Senseable City Lab à New-York, qui a rendu possible une meilleure gestion des taxis de la ville à partir de la visualisation interactive et intelligente de données sur les trajets partagés[3]. Résultat : la flotte a été réduite de 40 % sans nuire au confort des usagers. A l’instar de New-York, de nombreuses villes prennent le chemin de la 5G, conscientes de son potentiel. Pour participer à la réduction des embouteillages, Singapour s’est emparée de la technologie avec l’installation de capteurs sur des taxis et a déployé une série de caméras de sécurité intelligentes. Plusieurs communes espagnoles se sont également dotées d’un système de synchronisation des feux tricolores pour prioriser les ambulances et faciliter leurs passages.

A l’initiative du projet Digital City Pole[4], la Belgique a ainsi vu dans la 5G et le recours à l’IoT (Internet of Things ou l’Internet des objets en français) un moyen efficace d’améliorer la qualité de vie, de renforcer la sécurité des données et de favoriser le développement des entreprises à partir du mobilier existant. C’est à Louvain que la nouvelle fréquence a été déployée aux côtés de Nokia permettant l’interconnexion des services publics. A titre d’exemple, les lampadaires de la ville, transformés en mobiliers intelligents via un réseau sans fil et des capteurs haute performance, mettent à disposition des citadins des points de recharge pour leurs véhicules électriques. Le lampadaire traditionnel peut dès lors se transformer en infrastructure intelligente en fonction des besoins de l’usager. Si la 5G améliore considérablement les performances du mobilier urbain traditionnel, les citadins peuvent à leur tour profiter de services publics optimisés et durables sans procéder au renouvellement complet du parc urbain.

Avoir un coup d’avance sur la ville

Déjà en place sur la nouvelle fréquence, certains constructeurs mobiles tirent parti de la 5G pour proposer aux villes des solutions technologiques intelligentes et répondre à leurs besoins en la matière. Le chinois Huawei, déjà bien positionné sur le marché de la cinquième génération, a ainsi développé une technologie en hypervision, capable de regrouper l’ensemble des données de la ville afin de former un jumeau numérique et de faciliter la prise de décision[5].

Une fois reconstitué virtuellement, le double numérique pourra prendre des décisions de manière réactive et prédictive. Il sera donc plus aisé de cerner l’origine des incidents et de simuler des projets de transformation urbaine. Le géant chinois a d’ailleurs mis au point à Amsterdam un tableau de bord intelligent en partenariat avec Geodan, une entreprise néerlandaise qui réalise des cartes interactives. Grâce à ce centre de commandes intelligent, baptisé “Intelligent Operational Center”, la ville dispose d’une vision globale d’elle-même -via son jumeau numérique- et peut travailler sur 3 facteurs clés : la mobilité, l’impact énergétique et environnemental, et la qualité de vie.

Même si l’essor des smart cities reste encore limité par la construction d’infrastructures réseaux performantes et par des enjeux éthiques, la 5G demeure un tremplin pour améliorer le confort des citadins et optimiser l’espace urbain.

 

[1] https://usbeketrica.com/fr/article/comment-la-5g-peut-devenir-le-moteur-de-la-smart-city ·

[2] https://www.lajauneetlarouge.com/wp-content/uploads/2020/03/753_SNCF.pdf

[3] http://senseable.mit.edu/hubcab/

[4] https://www.smartcitiesworld.net/news/news/nokia-provides-5g-connectivity-for-leuvens-digital-pole-project-5944

[5]https://www.lesnumeriques.com/vie-du-net/smart-cities-la-strategie-de-huawei-pour-connecter-nos-villes-de-demain-a157061.html