Gaz propre et inoffensif, l’hydrogène présente de nombreux atouts dans la perspective de la transition énergétique. Mais aussi quelques défauts majeurs, qu’il est possible de surmonter en l’intégrant dans une chaîne plus large de production d’énergie…

 

Des trains roulant à l’hydrogène circuleront bientôt en Allemagne, en Italie et en France. Des bus le font déjà à Pau et Dijon, tandis que l’offre de voitures particulières capables de rouler à l’hydrogène s’étoffe d’années en années. Après des années de recherche et d’expérimentation, l’hydrogène semble enfin accéder au statut de « carburant » opérationnel, présent dans la vie de tous les jours. Il est vrai que sur le papier, ce gaz neutre, sans saveur ni odeur, présente de nombreux avantages.

 

Un gaz 100% propre

Le principal atout de l’hydrogène, celui qui en fait un candidat attrayant pour la transition énergétique : son utilisation dans un moteur ou une pile à combustible* ne rejette que de la vapeur d’eau. Rien d’autre. Pas de CO2 ou d’autre gaz à effet de serre, et encore moins de polluants comme des oxydes d’azote ou des particules. Le « carburant » vert parfait. Seul hic : ce gaz, très abondant dans l’Univers, n’existe pas à l’état naturel sur Terre. Il n’existe pas de gisement d’hydrogène. Il faut donc en produire, par électrolyse ou à l’aide de procédés chimiques. Des solutions qui consomment beaucoup d’énergie et entament donc sérieusement son bilan carbone et par là même son intérêt. Pour autant, cet inconvénient ne place pas l’hydrogène hors-jeu, loin de là. En fait, tout dépend de l’énergie utilisée pour sa production. Si cette dernière fait appel à des énergie fossiles comme le pétrole ou le charbon, le bilan n’est pas fameux. Si, en revanche, elle s’adosse à des énergies vertes comme l’éolien ou le photovoltaïque, ce gaz propre et inoffensif garde alors de sérieux atouts dans sa manche.

 

Produire de l’hydrogène avec les ENR

L’hydrogène peut en effet être utilisé comme une sorte de variable d’ajustement dans la production des énergies renouvelables. On le sait, ces dernières sont « intermittentes », c’est-à-dire qu’elles sont dépendantes de la météo, du vent, du soleil, et n’alimentent donc pas toujours le réseau électrique au bon moment, en phase avec les besoins de consommation. L’une des pistes explorées consiste, lorsque ces énergies produisent à contretemps, à ne pas les déconnecter du réseau, mais à exploiter au contraire ce surplus d’énergie pour produire de l’hydrogène. Celui-ci peut ensuite servir soit à produire à nouveau de l’électricité plus tard, soit à être utilisé comme « carburant » dans des véhicules adaptés comme des voitures, des bus ou des trains.

 

Une place dans le mix énergétique

Ce mécanisme a un coût, bien sûr. Mais il évite que les ENR ne produisent « pour rien » et permet de produire de l’hydrogène « vert », quasiment décarboné. Une station de production d’hydrogène vert est d’ailleurs en cours de construction sur l’aéroport de Toulouse-Blagnac, en France. Alimentée par de l’énergie verte en provenance de toute la région, elle produira de l’hydrogène « carburant » qui alimentera une flotte de cinq bus ainsi qu’un service de location de 50 véhicules.  Une autre partie de l’hydrogène sera consommée par des équipements de la plateforme, dans le but de réduire son empreinte carbone. Les projets de ce type devraient assez vite se multiplier sur le territoire. Ainsi, même si l’hydrogène n’est pas le carburant miracle que certains voudraient voir en lui, ce gaz peut tout à fait trouver sa place dans le mix énergétique, et ainsi contribuer à la décarbonation globale de l’énergie, au bénéfice du climat.

 

 

 

* Pile à combustible : dispositif qui convertit l’hydrogène en électricité en le rapprochant de l’oxygène de l’air