La mobilité connectée, alliée de la mobilité durable en ville

En France, 30 % des émissions de CO₂ proviennent des transports. Face à l’urgence climatique, l’Union des transports publics et ferroviaires (UTP) alerte sur la nécessité de « doubler la part des transports publics dans les déplacements urbains et d’intensifier le verdissement des flottes avec le soutien de l’Etat ».

Alors que la route concentre à elle seule 86 % des mobilités quotidiennes en France avec 8 personnes sur 10 seules dans leur véhicule chaque matin, repenser la durabilité de la mobilité urbaine devient un enjeu central pour les pouvoirs publics. Les contraintes d’approvisionnement qui pèsent sur les agents économiques privés et publics appellent à une sobriété énergétique accrue. Dans ce contexte, plusieurs villes ont d’ores et déjà engagé des actions pour réduire leur empreinte carbone et accélérer leur transition écologique. Cap sur les nouvelles technologies en faveur d’une mobilité plus durable en ville, où transition énergétique se conjugue avec électrification.

 

Du transport autonome terrestre…

 

Pour assurer un déplacement pratique et respectueux de l’environnement, la ville de Toulouse a mis en circulation en janvier 2022 une navette 100 % électrique et sans conducteur, après avoir obtenu le feu vert du gouvernement français en mars 2021. La navette EZ10, qui peut accueillir jusqu’à 12 personnes, assure une liaison de 600 mètres entre l’Oncopole de la ville rose et le parking des usagers. En décembre 2017, les Toulousains avaient déjà pu apercevoir la navette sans chauffeur en pleine expérimentation sur les allées Jules Guesde, dans le centre-ville. Avec cette solution, la ville entend mettre à disposition des usagers une solution flexible, sûre et peu polluante. Mais elle a surtout été pensée comme un complément aux moyens de transports traditionnels qui peinent parfois à répondre pleinement aux attentes des usagers, de plus en plus attachés à la rapidité, la sûreté, la fiabilité et le confort des transports.

Sur le plan technologique, la navette est à la pointe de l’innovation. Équipée de radars pour gérer sa localisation, elle peut aisément se repérer dans l’environnement et détecter tout type d’obstacles ou d’autres usagers sur la route. Côté énergie, la navette n’est pas en reste : avec l’aide d’une start-up, elle pourrait bientôt disposer de cellules solaires lui permettant d’augmenter son autonomie. Le véhicule, qui doit être branché pendant environ six heures pour être complètement rechargé, fonctionne actuellement jusqu’à 16 heures avec une seule charge de batterie. La EZ10 a d’ailleurs fait l’objet de plusieurs tests sans passagers à bord dans plus d’une trentaine de pays à travers le monde (dont Singapour, les Etats-Unis, la Finlande et l’Australie). L’entreprise compte désormais sur le développement de son véhicule pour assurer plus largement le transport autonome, notamment au sein des campus privés, des usines, des aéroports et autres communautés organisées. Et pour aller plus loin, elle est sur le point de lancer son bus autonome qui pourrait atteindre les 70km/h contre 20 km/h pour sa benjamine.

 

 

… au transport autonome aérien

 

Quand la voie terrestre est congestionnée, pourquoi ne pas emprunter celle des airs ? C’est le concept original de la jeune pousse Supraways qui compte utiliser les terre-pleins des autoroutes pour développer son système de transport de cabines dans les airs. Chaque cabine disposerait de 7 places et se déplacerait sur un rail de guidage, supporté par des piliers, et couvert d’auvents solaires. Les cabines sont équipées d’un moteur électrique qui intègre un système breveté auto-directif embarqué permettant de simplifier la maintenance.

Ce transport de l’avenir circulera en circuit fermé, accrochés à une poutre de suspension située à 9 mètres de haut avec un pilier tous les 40 mètres. Point non négligeable en zone urbaine, le système n’occupe quasiment pas de place au sol. Les cabines pourraient circuler à 50 km/h en zone urbaine et 110 km/h sur les zones péri-urbaines, et transporter plus de 5 000 personnes par heure dans chaque sens. Une performance qui équivaut à la capacité d’un tramway pour un coût deux fois moindre. Notons également la présence de systèmes embarqués intelligents, assurant un rôle de contrôle aérien et optimisant les temps d’attente estimés à moins d’une minute pour le voyageur.

Le projet, encore à l’état de maquette, pourrait être déployé en Auvergne-Rhône-Alpes ou dans les Hauts-de-France avec l’ouverture d’un centre d’essai en 2023. L’entreprise espère ainsi révolutionner le monde du transport urbain et vise particulièrement les gares, les stades, les zones aéroportuaires, industrielles, portuaires, les bureaux et les trajets le long des autoroutes. L’entreprise prévoit notamment de faire appel à des partenaires pour la construction des véhicules et des infrastructures.

Partout en France, les villes, aux côtés d’acteurs publics et privés, s’engagent dans des actions concrètes pour la mobilité durable, misant sur l’essor des nouvelles technologies pour limiter leur impact environnemental et optimiser le confort des usagers. Des projets similaires, tels que le train hypersonique Hyperloop aux Etats-Unis ou le système de transport suspendu SkyWay aux Emirats arabes unis, pourraient également contribuer à décarboner durablement les transports et désengorger les villes.